Titre | Voix d’ « enfants interdits ». Une histoire orale de filles et fils de « travailleurs temporaires » en Suisse (1946-1990) |
Auteur | Magali MICHELET |
Directeur /trice | Kristina Schulz |
Co-directeur(s) /trice(s) | |
Résumé de la thèse | Mon travail constitue l’un des sous-projets du projet principal (FNS) intitulé « une socio-histoire des gens qui migrent » résumé ci-dessous.
Selon une estimation des années 1970, 10’000 à 15’000 enfants immigrés (Castelnuovo 1978, p. 30) ont connu la « séparation et l'illégalité » (Frigerio 2014) en Suisse. Il s’agit des enfants des travailleuses et travailleurs étrangers qui, en raison de leur statut de saisonnier, n’ont pas bénéficié du droit au regroupement familial. En conséquence, beaucoup de ces enfants ont séjourné en toute clandestinité en Suisse, parfois pour quelques mois, souvent pour plusieurs années. Illégaux en Suisse, ils n’avaient pas le droit d’aller à l’école et, de peur d’être dénoncés, ne sortaient guère de la maison, d’où le nom « les enfants du placard » ou encore « les enfants cachés ». Le projet a pour objectif d’étudier le phénomène des enfants cachés en partant de l’hypothèse que celui-ci permet une relecture de l’histoire économique et sociale de la Suisse pendant et au-delà des « Trente glorieuses » – période de hausse conjoncturelle caractérisée par un besoin accru de main d’œuvre. Il s’agit de réaliser une estimation de l’importance quantitative du phénomène, dont on ne connaît guère d’autres chiffres que ceux avancés dans les années 1970, ainsi qu’un travail qualitatif. Cette double perspective pose deux questions principales : Premièrement, comment la société suisse a-t-elle répondu à la question des « enfants cachés » ? Il s’agit de mettre au jour le développement du cadre législatif et des pratiques des autorités ainsi que celles de la société civile, qui se mobilise à partir des années 1970 en faveur des enfants cachés. Deuxièmement, comment les actrices et les acteurs ont négocié la réalisation d’une vie familiale dans des conditions de clandestinité ? Plus spécifiquement, le projet a pour but : de restituer le phénomène dans le régime migratoire suisse et européen entre 1946 (accord sur les travailleurs immigrés avec l’Italie) et 2002 (contrats bilatéraux I avec l’UE sur la libre circulation des personnes) ; d’en saisir l’ampleur, de comprendre les processus bureaucratiques et d’identifier les acteurs impliqués aux niveaux cantonaux et fédéraux ; d’analyser le processus de mobilisation des associations pour les droits de l’enfant ; de comprendre les situations et stratégies multiples des familles concernées. Croisant une approche d’histoire des migrations avec une approche d’histoire sociale et économique et en prenant en compte des recherches récentes sur le placement des enfants (PNR 76), la recherche se base à la fois sur un travail d’archives étatiques (fédérales, cantonales, communales), l’analyse des récits et enquêtes psychologiques et sociologiques effectuées depuis les années 1970, l’exploitation d’archives des associations et activistes humanitaires mobilisés, et sur la méthodologie de l’histoire orale.
Le sous-projet qui concerne cette thèse porte sur les expériences, trajectoires et stratégies des enfants concernés et s’appuie sur des méthodes de recherche qualitative (histoire orale et étude de dossiers individuels). |
Statut | au milieu |
Délai administratif de soutenance de thèse | 2025 |
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